GABRIELLE
RANDRIAN
KOEHLHOEFFER
puissance du courant les entraine ? Elles foncent, négocient au mieux les traîtrises du parcours ; sans nostalgie, elles savent qu’elles ne repasseront jamais à cet endroit qu’elles viennent de quitter. Il n’y a ni maitre ni serviteur, chacun assume tous les rôles, par la biais de prises de pouvoir subtiles et éphémères, de propositions dont rien ne dit qu’elles seront acceptées, transformées ou rejetées.
Nul besoin de se parer pour se comprendre, pour s’accepter. Tout est dans l’écoute, quelquefois dans la complicité d’un regard, la subtilité d’une attitude.
Je ne sais à qui je dois, encore à mon âge, cette énergie, ce goût de jouer, sans lesquels ces plaisirs n’existeraient pas.
Pour tout cela, j’aime la formule du trio l’une de celle qui laisse le plus de place à la liberté, au dialogue, à l’invention. Je l’ai longtemps pratiqué avec e trio Humair-Jeanneau-Texier. Hier soir c’était avec Gabrielle Koehlhoeffer et Joël Allouche.
JAK Trio
François Jeanneau (Saxophone soprano)
Joël Allouche (batterie)
Gabrielle Koehlhoeffer (contrebasse)
Je ne me lasse et ne me lassera jamais du plaisir de jouer ; de ce plaisir physique de souffler ; de ce plaisir de communiquer, de partager ; de ce plaisir d’une concentration extrême qui est le contraire d’un renfermement sur soi-même ; de ce plaisir de construire, de faire naître, de donner vie à quelque chose qui n’existait pas l’instant d’avant et qui disparaîtra aussitôt exprimé, sans avoir le temps ni l’envie de se poser de questions, d’analyser, de juger ce moment qui est là, présent, vivant, mais qui est déjà mort, balayé par un autre présent qui n’aurait pas pu exister sans ce présent là, mais condamné à disparaître, lui aussi, tout aussi vite ; de ce plaisir du son, encore plus fort quand il est acoustique et qu’il se mélange à d’autres sons ; de ce plaisir d’entrer dans une autre dimension, perception, sensation du temps ; de ce plaisir de s’engager à fond, comme si ça vie pouvait en dépendre. Comme un torrent, qui n’a d’autre choix que de dévaler la pente. Les gouttes d’eau savent-elles où la
François Jeanneau, 18 décembre 2013
Jazz o caveau